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Arts et spectacles
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Coeur de neige s'apparente au genre du conte animalier dont les protagonistes sont, comme on s'y attend, anthropologisés, mais dont rien dans le déroulement de l'histoire n'est invraisemblable, bien au contraire : le merveilleux réside au coeur de la réalité quotidienne. Il y est question d'un couple formé par Tacite, « un chat de gouttière au pelage noir et aux manières calmes » travaillant comme ingénieur dans une centrale nucléaire, et de Bruhle, « une chatte angora qui, à l'époque de leur mariage, suivait des études d'architecture et depuis s'était installée à son compte dans un commerce de lingerie fine ».
Ce couple ressemble à tous les couples chez qui alternent, on ne le sait que trop bien, des périodes de lumière et d'ombre. Mais il se trouve que cette vie conjugale réserve à Tacite plus souvent l'ombre que la lumière. Tacite conçoit vite qu'il est devenu, aux yeux de celle dont il est censé partager la vie, totalement transparent si ce n'est parfaitement inexistant. Un souvenir d'enfance, où le portrait des parents de Tacite est brossé, précise la précarité financière de la famille dans laquelle il a grandi, et révèle que Tacite connaît d'expérience l'alternance de la lumière et de l'ombre - l'école lui a ainsi réservé des leçons d'écriture et de vie, ce qui est la même chose.
Au passage, en voici une : « On peut fort bien vivre une vie que l'on ne vit pas. On peut indéfiniment supporter ce que l'on ne supporte plus. » Puis Brulhe la négligente finit par disparaître et par plonger Tacite dans des ténèbres définitives. Le chat réalise alors que la seule lumière qui l'a illuminé émanait d'elle seule. La fin de l'histoire a lieu durant la nuit de Noël où Tacite vide une bouteille de champagne puis fait une expérience aussi innocente et fantaisiste que déterminante - elle nécessite seulement un coeur d'enfant. Vous demanderez sans doute : « Quel est l'enseignement de ce conte ? » Posez cette question aux flocons de neige. Il y a des chances que vous soyez - entretemps amusé, émerveillé mais aussi édifié - durablement éclairé par leur réponse. -
Donne-moi quelque chose qui ne meure pas
Christian Bobin, Edouard Boubat
- Gallimard
- Albums Beaux Livres
- 23 Janvier 1996
- 9782070115228
Cet ouvrage est né d'une heureuse rencontre entre un écrivain et un photographe.Le premier, Christian Bobin est un auteur affirmé. Il a déjà publié de nombreux livres, dont quelques-uns chez Gallimard qui ont connu un grand succès : Le Très-Bas (1992), La folle allure (1995). C'est un homme discret, qui aime peu parler de lui. Il préfère s'effacer devant ses écrits et laisser aux lecteurs le plaisir de découvrir son univers de mots et de sensations.Le second, Édouard Boubat, est un photographe de renommée mondiale. Nous avons l'habitude de lire sa sensibilité à travers les étonnantes photographies devenues des classiques que nous retrouvons dans les nombreux ouvrages qui lui ont été consacrés.Ces personnalités fort différentes se sont réunies autour d'un projet commun. Le résultat est le fruit des voyages du photographe, sillonnant la planète pour y capter partout la vie, et de l'écrivain, inspiré par les oeuvres de Boubat et voyageant à travers elles.
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Des abbayes de Provence aux monastères parisiens en passant par les couvents de Bretagne, cet ouvrage offre un regard inédit sur la vie monastique.
Cinq années de travail ont été nécessaires à Frédéric Dupont pour pénétrer au coeur de lieux parmi les plus inaccessibles : les monastères. À travers toutes les régions de France, il a eu le privilège de pousser les portes de ces lieux sacrés et d'être accueilli par des communautés qui ne s'ouvrent pour la plupart jamais au public.
C'est dans l'atmosphère unique de ces murs chargés d'histoire qu'il témoigne du chemin spirituel d'hommes et de femmes qui ont choisi de consacrer leur vie à Dieu. Leur quotidien est ainsi rythmé par des moments de recueillement et de prière. C'est à la beauté calme de ces instants que rendent hommage soixante-dix photographies superbement reproduites. Ces magnifiques images ont inspiré à Christian Bobin L'Indestructible, un texte sensible et une véritable invitation à la réflexion.