Un chant poignant, qui tient à la fois d'une prière et d'une longue plainte, s'élève dans le Haut-Altaï. Porté par la voix d'une toute jeune fille, Dombuk, il plaide pour la vie d'un poulain orphelin qu'une jument, elle-même en deuil de son propre petit, refuse de nourrir. Chant d'espoir et de révolte contre la cruauté du sort qui a aussi prématurément privé l'adolescente et ses deux frères de leur mère. En contrepoint de cette ligne musicale, manière de fil conducteur dans la trame du récit, est évoqué le destin de Schuumur, marié très tôt à une femme qu'il n'a pas choisie mais dont il finit par tomber amoureux. Mais le véritable thème du livre, comme toujours chez Galsan Tschinag, est la menace que fait peser la civilisation moderne sur ces terres du bout du monde où vivent les Touvas.
Quand Halid, un soldat musulman, retourne chez lui après la fin de la guerre en Bosnie, c'est pour constater que son combat ne fait que commencer. Dans son village, épargné par les bombardements mais ravagé par la famine et le dénuement, chrétiens, musulmans et roms, qui vivaient autrefois en bonne
intelligence, sont devenus d'irréductibles ennemis. Seul un vieux sage juif, rescapé de la barbarie hitlérienne, s'efforce de plaider la sagesse et la modération. Durant les trois jours de son errance, Halid ne perçoit plus de ces lieux familiers qu'un paysage mouvant fait d'alliances nouvelles et de griefs anciens. Dans sa volonté de renouer le fil d'un ancien amour et de réparer les fautes passées, il se heurte aux présences (sa mère ou Mira, son premier amour) comme aux absences (Momir, son meilleur ami est mort en combattant dans le "mauvais camp"). Mais peut-on changer le cours de l'Histoire ? Mais
peut-on changer le cours d'une tragédie ? "Plus qu'un roman sur le conflit bosniaque, c'est là un témoignage poignant sur les effets de la guerre dans les esprits et dans les coeurs." Christine Thomas, The Philadelphia Inquirer.
Karl-Markus Gauss, inlassable chroniqueur des marges de l'Europe, s'est rendu plusieurs fois en Slovaquie ces dernières années. Son long périple l'a mené à Svinia, à l'est de la Slovaquie, dans la zone d'élargissement de l'Union Européenne : un lieu qui semble hors du monde et hors du temps. C'est là que vivent les exclus parmi les plus pauvres des Européens, des tsiganes qui ont été si longtemps déplacés, persécutés et méprisés, qu'ils en ont oublié leur propre histoire. Parmi les quelques 300 bidonvilles de Slovaquie, Svinia a la réputation d'être l'enfer sur terre. Là, tout en bas de l'échelle sociale rom, vivent 700 êtres humains, les Degesi, des Intouchables, des "mangeurs de chien".
Madrid, 1607 : Philippe III règne sur l'Espagne par favori interposé.Aristote, lui, règne directement sur la taverne la plus malfa-mée de la capitale. On y pratique un jeu barbare, le lancer de nain, dont le patron est lui-même le projectile à la fois complaisant et vénal.
Parmi les joueurs, on reconnaîtra deux responsables d'un crime qui n'a pas encore de précédent : l'élimination totale d'un peuple.
Connu pour son humour et son goût des jeux de mots à trois francs (à trois francs belges de surcroît), le créateur de Ric Hochet et de Chick Bill change ici de registre pour évoquer sa jeunesse, et plus précisément la période comprise entre son quatrième et son seizième anniversaire.
Une quarantaine de brefs textes classés par ordre chronologique où le petit Gilbert Gascard connaît l'exil depuis Marseille jusqu'à la lointaine Bruxelles, la grande ville aux 120 cinémas où l'admirateur de Gary Cooper et Johnny Weismuller trouve de quoi assouvir sa passion, fait les quatre cents coups en compagnie de ses frères et trouve sa place dans l'existence malgré l'absence du père et les troubles du comportement de sa mère. Une chronique douce-amère, empreinte de pudeur et de nostalgie, quelques dizaines de fragments autobiographiques qui finissent par composer un autoportrait et révéler le visage de l'homme sous le masque du clown. Un autre célèbre représentant du plat pays, Adamo, signe une préface fraternelle.