Le Regard
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Beau, beau et vieux à la fois : Esthétique de la vieillesse
Aude Lamorelle
- Le Regard
- Essais Art Poche
- 7 Mai 2025
- 9782841054404
Aborder la vieillesse sous l'angle de l'esthétique ne va pas de soi. Vieillesse et beauté plastique semblent s'opposer dans notre culture occidentale. Cependant, depuis quelques décennies, des études sociologiques s'intéressent à la manière dont les aînés considèrent la vieillesse, tandis que, parallèlement, la chirurgie esthétique se démocratise.
Aborder la vieillesse sous l'angle de l'esthétique ne va pas de soi. Vieillesse et beauté plastique semblent s'opposer dans notre culture occidentale. Cependant, depuis quelques décennies, des études sociologiques s'intéressent à la manière dont les aînés considèrent la vieillesse, tandis que, parallèlement, la chirurgie esthétique se démocratise. Le tabou qui entoure la vie amoureuse et sexuelle passé soixante ans, et son corollaire, la séduction, commence à s'étioler. Et les chiffres révèlent que les vieux sont loin de se trouver unanimement laids, à l'encontre des jugements apodictiques et décomplexés qui émaillent les discours sur le vieillissement. Quels sont donc les fondements des préjugés envers la vieillesse ?
Comme toute représentation, celle de la vieillesse se construit avec les mythes, l'histoire de notre société et l'expérience personnelle qui fondent notre imaginaire. Comment le corps vieillissant a-t-il été représenté à travers les âges ? Quelles conceptions de la vieillesse -; philosophiques, morales, religieuses, politiques, sociales, biologiques, médicales -; sous-tendent ces images ? L'interaction de ces nombreux champs dans la représentation individuelle et collective de la vieillesse rend compte de la complexité du sujet. Qu'en disent les principaux intéressés ? A la multiplicité des approches pour l'étudier répond la diversité des façons de la vivre. Aude Lamorelle en propose une synthèse, dont le but est de remonter aux sources des idées reçues, et d'exposer des visions non univoques de l'avancée en âge. Pour qu'il soit permis, en parodiant Jacques Brel, d'être beau, beau et vieux à la fois. -
Né en 1890, sensible au formalisme de l'Ecole de Vienne, particulièrement attaché à l'autonomie des arts figuratifs telle qu'elle s'exprime chez Adolf von Hildebrand, Roberto Longhi sera, pour un temps, séduit par la démarche de Giovanni Morelli, l'amènera à s'intéresser alors aux études sur les peintres italiens de la Renaissance de Bernard Berenson.
Né en 1890, formé à l'école d'Adolfo Venturi, sensible au formalisme de l'Ecole de Vienne, particulièrement attaché à l'autonomie des arts figuratifs telle qu'elle s'exprime chez Adolf von Hildebrand, Roberto Longhi sera, pour un temps, séduit par la démarche de Giovanni Morelli, qui le conforte dans sa volonté d'examiner les oeuvres en elles-mêmes, et l'amènera à s'intéresser alors aux études sur les peintres italiens de la Renaissance de Bernard Berenson.
Se tenant d'une certaine façon " en marge ", et infiniment respecté, Roberto Longhi- par goût sincère autant peut-être que par son talent pour la polémique -, se singularisa par la largeur de ses vues, s'intéressant tant à Cimabue qu'à Nicolas de Staël.
Pour Roberto Longhi, le Caravage fut certainement le premier des peintres " modernes ". Dès 1926, il lui consacre une analyse inaugurant une réflexion née du refus de l'art considéré comme illustration, c'est-à-dire comme littérature figurée. En témoignent les textes composant notre volume et formant un ensemble cohérent traitant à la fois du Caravage, de ses antécédents, de son influence, de même que des échos de son oeuvre dans la peinture française.
De ces textes essentiels, seul le deuxième de notre édition - le Caravage- a été publié en langue française, en 1968. Ouvrage depuis longtemps introuvable dans lequel l'aspect polémique de Longhi avait été gommé. -
Photographe, inlassable voyageuse, Renate Graf nous dévoile dans cette autobiographie les racines de ses deux passions et les multiples périples qui les ont ancrées au plus profond d'elle-même.
Photographe, inlassable voyageuse, Renate Graf nous dévoile dans cette autobiographie les racines de ses deux passions et les multiples périples qui les ont ancrées au plus profond d'elle-même. Son enfance autrichienne, solitaire, avive son goût précoce pour la lecture, sa soif de liberté et de découverte et, dès que son âge le lui permet, elle s'installe à New York pour travailler dans une galerie de Soho. C'est alors qu'elle rencontre Anselm Kiefer, son compagnon durant plus de deux décennies, et le père de ses deux enfants. Ensemble ils sillonnent l'Italie, l'Écosse, le sud de la France, en quête du domaine idéal pour y créer une vie dédiée à l'art puis, celui-ci enfin trouvé, entament une longue suite de voyages aux quatre coins du monde, du nord au sud et d'est en ouest. La Route de la soie, le Mexique, l'Australie, le Japon, l'Himalaya, le Brésil... et l'Inde, visitée depuis 1996, qui tient sans conteste une place particulière parmi toutes ces destinations lointaines. Renate n'aura de cesse d'y retourner d'année en année, s'imprégnant de sa culture comme de ses paysages ou de ses villes et de la vie de cette population dont les valeurs nous semblent si singulières. Très vite, la photographie est devenue son mode d'expression privilégié. Elle lui permet de témoigner de l'état du monde et d'affirmer sa conception de l'image comme art. -
Dans cette monographie, l'unique consacrée à ce jour à Anselm Kiefer, Daniel Arasse s'applique à démontrer le processus de sédimentation, de réélaboration de thèmes qui circulent, s'entrecroisent et se superposent en un véritable " labyrinthe kieferien ".
Dans cette monographie, l'unique consacrée à ce jour à Anselm Kiefer, Daniel Arasse s'applique à démontrer le processus de sédimentation, de réélaboration de thèmes qui circulent, s'entrecroisent et se superposent en un véritable " labyrinthe kieferien ". La dimension historique et politique de l'oeuvre de Kiefer passionne Arasse et plus particulièrement son statut d'artiste allemand né avant l'achèvement de la guerre. Position à laquelle l'artiste consacra une rare énergie afin de démêler l'écheveau consistant à analyser les possibilités de l'acte créer après l'holocauste. Car à l'instar d'autres artistes allemands mais avec davantage de conscience et d'obstination, Kiefer a questionné son héritage de peintre en révélant les éléments iconographique et mythologique de la culture allemande. Arasse lève le voile et désigne l'oeuvre en tant qu'instrument qui transforme les actions ou les architectures en leur permettant d'entrer dans le " théâtre de la mémoire individuelle et collective, au lieu d'agir pernicieusement dans le refoulement de leur souvenir. " Au fil des pages, Daniel Arasse examine les multiples facettes d'une oeuvre à la portée universelle, qui sait prendre en compte l'Histoire, les mythes germaniques, grecs, assyriens... la religion, les femmes, la poésie, la mystique juive, en des tableaux, sculptures, livres aux dimensions et à la matière exceptionnelle, avec une prédominance pour le plomb, dont la contemporanéité est indissociable du classicisme. -
" Élève lointain de Poussin et de Champaigne, formé par sa passion pour Seurat et Cézanne, Hélion régénère, dans le contexte d'après-guerre, l'esthétique formaliste et l'idée hédoniste de la tradition française ". Henry-Claude Cousseau définit ainsi cet artiste.
" Élève lointain de Poussin et de Champaigne, formé par sa passion pour Seurat et Cézanne, Hélion régénère, dans le contexte d'après-guerre, l'esthétique formaliste et l'idée hédoniste de la tradition française ". Henry-Claude Cousseau définit ainsi cet artiste qui, après s'être exercé à l'abstraction, après avoir participé à la création du groupe et de la revue Art Concret, puis à Abstraction-Création, en revient à la figuration. Dès fin 1942, quelques éléments figuratifs apparaissent pour aboutir, dix ans plus tard, à la phase la plus déconcertante de son oeuvre, qu'il qualifiait lui-même " d'effort d'exprimer tout par le contact serré avec l'objet. Effort d'inclure l'apparence dans l'essence ".
Ainsi naîtront les " mannequineries ", " les journalerie "... puis à la fin de sa vie, les " suites pucières ". Faut-il évoquer le chapeau, le parapluie, le gant, la citrouille... qui, dans l'esprit de tous, symbolisent le travail de cet homme qui en 60 ans d'activité a " exploré tout ce qu'une très vive intelligence, une capacité avide et immense de voir et de juger auront pu apporter à un artiste dont le choix s'est porté sur la peinture, en raison de sa pente avide et merveilleuse ".
Par une iconographie abondante soutenant le texte d'un grand spécialiste, ce livre est la version poche de la monographie consacrée à Hélion par les Éditions du Regard en 1992. Un ouvrage essentiel qui permet de juger la logique complexe mais inflexible qui mène au développement de cette oeuvre. -
La création de Louis Sognot (1892-1969) s'épanouit sur plusieurs périodes de l'histoire du style du mobilier. D'abord imprégné des techniques traditionnelles par sa formation et son passage au faubourg Saint-Antoine chez Krieger. Jeune, il participe à l'étonnante aventure des ateliers d'art du Printemps : Primavera fondé par René Guilleré en 1912
La création de Louis Sognot (1892-1969) s'épanouit sur plusieurs périodes de l'histoire du style du mobilier. D'abord imprégné des techniques traditionnelles par sa formation et son passage au faubourg Saint-Antoine chez Krieger. Jeune, il participe à l'étonnante aventure des ateliers d'art du Printemps : Primavera fondé par René Guilleré en 1912. Personnalité qui compte en ce début de XXème siècle, il est à l'origine de la société des Artistes décorateurs en 1901. Entre 1920 et 1929 Louis Sognot collabore chez Primavera à la réalisation des projets de Guilleré, des ensembles pour des intérieurs modernes selon les principes édictés par Guilleré pour qui " La forme détermine le décor ", ils seront remarqués à la SAD et au salon d'Automne. Ce style annonce " l'art déco " pour un public plus modeste. Encouragé par Primavera, en 1926, il propose pour la première fois du mobilier en métal se rapprochant ainsi des acteurs du mouvement moderne, René Herbst, Charlotte Perriand, Pierre Chareau. En 1929, il quitte Primavera pour rejoindre l'UAM (Union des artistes modernes). Associé pendant quatre années avec Charlotte Alix, ils se distinguent par des réalisations remarquables, pour les laboratoires Roussel ou le Maharadjah d'Indore. Dès lors il appartient à l'avant-garde et participe activement au mouvement en explorant de nouveaux matériaux et il reprend son indépendance. Après la Seconde Guerre mondiale il se passionne pour le rotin, un choix qui le place au-devant de la scène. Une technique à la fois économique, organique et rationnelle. Le Salon des Arts ménagers s'impose afin de faire découvrir cette nouvelle tendance.
Excellent pédagogue, il enseigne dans diverses écoles (Boulle, Duperré, école des Arts décoratifs). Il collabore avec de nombreux éditeurs pour le rotin, et avec des éditeurs plus traditionnels dont la société dirigée par Maurice Rinck, avec laquelle il coopère dix années. Sa relation avec le créateur de luminaires Serge Mouille sera idéale. -
Ce livre est la version " poche " de la première monographie consacrée à Balenciaga par les Éditions du Regard en 1988. Marie-Andrée Jouve, alors responsable des archives de la maison Balenciaga réalisa à l'aide d'une documentation exceptionnelle un ouvrage inégalé à ce jour sur le maître incontesté de la haute couture.
Ce livre est la version " poche " de la première monographie consacrée à Balenciaga par les Éditions du Regard en 1988. Marie-Andrée Jouve, alors responsable des archives de la maison Balenciaga réalisa à l'aide d'une documentation exceptionnelle un ouvrage inégalé à ce jour sur le maître incontesté de la haute couture.
Elle fut à l'origine de sa redécouverte par une série d'expositions prestigieuses, entre autres : Balenciaga, Musée des textiles de Lyon ; Balenciaga, F.I.T. New-York.
Secret, Cristobal Balenciaga le fut incontestablement, mais s'il ne nous livra que très peu de lui-même, de sa vie privée ou de ses choix artistiques, ceux-ci transparaissent dans son oeuvre exigeante, parfois proche de la sévérité et dans laquelle culmine le raffinement de ses inspirations. De l'ampleur et des drapés de la peinture de Zurbaran, Balenciaga réinvente des robes, des manteaux et des capes dont chaque volume, chaque plis, atteint l'expression même de l'austère élégance espagnole. La perfection de sa technique lui permettant de satisfaire son goût pour l'infiniment dépouillé et d'obtenir des vêtements dont la coupe parfaite s'alliant à la somptuosité des étoffes, évoquent des architectures proches de l'abstraction.
Ses plus belles créations (1937 - 1968) nous sont offertes ici à travers une iconographie inédite par les plus grands photographes de son temps qui, en reconstituant son oeuvre, gardent intact le mythe. -
Ce livre est la première monographie consacrée au duo d'architectes d'intérieur Philippon Lecoq.
Le bureau d'étude d'Antoine Philippon et Jacqueline Lecoq s'impose de 1955 à 1995. Tout au long de la période des Trente glorieuses , ils imposent une pratique exigeante qui concerne l'architecture intérieure, la scénographie d'exposition, le design industriel, l'enseignement.
Le bureau d'étude d'Antoine Philippon et Jacqueline Lecoq s'impose de 1955 à 1995. Tout au long de la période des Trente glorieuses , ils imposent une pratique exigeante qui concerne l'architecture intérieure, la scénographie d'exposition, le design industriel, l'enseignement. Ils participent aux salons nationaux et internationaux, se faisant reconnaitre pour leur militantisme professionnel et la défense d'une profession en devenir. Ils exposent au Salon des artistes décorateurs, au Salon des arts ménagers, à l'exposition internationale de Bruxelles en 1958, à la Triennale de Milan et dans de nombreuses manifestations d'importance. Ce livre rend hommage aux industriels qui les ont soutenus dans l'élaboration de leurs multiples projets produits en série, favorisant leur exploration de nouveaux usages et de nouvelles techniques : en France : d'Henry Mouraux à Airborne, le Mobilier national, Formica et les Glaces de Boussois. A l'étranger, en Allemagne en particulier : Bofinger, Erwin Behr, Lauser, etc. Leurs réalisations se distinguent par un ancrage dans la durée, un engagement sans concessions. Ce livre est la première monographie consacrée au duo d'architectes d'intérieur Philippon Lecoq. -
Pyrénées majestueuses : Images et poésie
Christian Partinico
- Un Autre Regard
- 14 Octobre 2023
- 9782900803684
Christian PARTINICO parcourt ses Pyrénées au gré des sentiers de randonnée, d'est en ouest et du nord au sud et partage avec ses lecteurs sa passion de la montagne, de ses coins secrets, de sa majestueuse nature, tellement changeante en fonction des saisons.
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Au fil du Tarn
Arnaud Comby, Guillemette Comby, Patrice Geniez
- Un Autre Regard
- 14 Octobre 2023
- 9782900803691
Les photographies ont toutes été prises dans un rayon de cinq kilomètres autour du cours d'eau, au plus près du Tarn, afin de faire découvrir ses différents visages. Suivre le Cingle plongeur dans les eaux tumultueuses des pentes du Lozère, frôler les falaises des Gorges avec les vautours, prendre le temps de déambuler dans les Raspes à la recherche du Martin pêcheur, partir à la rencontre du faucon pèlerin et des oiseaux d'eaux de la basse vallée... Des textes accompagnent les photographies de Patrice Geniez, des textes longs, énergiques, bouillonnants comme la rivière, des petits textes avec des anecdotes ou des récits sur la faune et les paysages, mais aussi des haïkus et poésies, courtes, dansantes, reflets sur l'eau.
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Didier Grumbach sait de quoi il parle : il est né, a grandi et s'est affirmé dans le cercle qu'il ouvre ici pour nous. Il ne s'est cependant pas contenté de convoquer ses souvenirs. Depuis des années, il accumule les archives, rencontre les témoins, franchit les portes qui d'habitude restent closes. Et il nous propose enfin une histoire de la mode au XXe siècle conçue à la manière d'une saga, d'une affaire de famille, avec ses pères nobles, ses fils prodigues, ses enthousiasmes, ses passions, ses haines, ses coups de génie, ses échecs. Les aventures individuelles - nos " héros " s'appellent Dior, Saint Laurent, Kenzo, Sonia Rykiel, Prada ou Hermès - s'ordonnent selon une chronologie et une logique qui, jusqu'alors, n'avaient pas été établies.
De la haute couture à l'explosion du prêt-à-porter, des confectionneurs, des stylistes et des créateurs, nous voyons tout à la fois évoluer les techniques, varier un marché, mûrir un art et changer une culture. Nous découvrons aussi comment les Français sont sortis de Paris pour aller à la rencontre de New York, de Tokyo et de Pékin.
Ce livre est indispensable au connaisseur qui y trouvera mille références jamais rassemblées. Il est aussi l'outil d'initiation de l'amateur désireux de visiter les coulisses du plus séduisant des théâtres. -
Dictionnaire international de la sculpture moderne et contemporaine
Alain Monvoisin
- Le Regard
- 6 Novembre 2008
- 9782841052110
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ce livre part d'un constat: une partie de l'art actuel accorde au déplacement un rôle majeur dans l'invention des oeuvres.
en ce sens elle ne fait que participer de l'histoire générale de l'art dans laquelle la figure de l'homme qui marche est essentielle. la façon cependant dont cette question est aujourd'hui traitée par les artistes est suffisamment singulière pour mériter une analyse à part entière. c'est ce à quoi s'applique cet ouvrage qui n'est pas un panorama de la fonction plastique du nomadisme mais un choix opéré à partir de recherches contemporaines (essentiellement gabriel orozco, francis atys, le laboratoire stalker) exemplaires de cette question dont il met en évidence les règles et les mécanismes d'action.
apparaît alors un univers oú le déplacement est non seulement le moyen d'une translation spatiale mais également un fait psychique, un outil de fiction ou encore l'autre nom de la production. cette cinéplastique qui fait de la ville son théâtre d'opérations, ces déplacements aux multiples résonances tracent le visage d'un monde oú le réel est un processus. c'est le côté " chinois " de ces artistes et de leurs oeuvres.
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François Barré a suivi un parcours prof. atypique marqué par le souci constant de la chose publique, le faisant passer de l'ENA au ministère des Affaires étrangères et de l'équipe chargée du Centre Beaubourg à son licenciement en 1976 puis 20 ans plus tard, président du Centre devenu Pompidou. Radié de la fonction publique à sa demande, il n'a néanmoins jamais cessé d'oeuvrer
François Barré a suivi un parcours professionnel atypique marqué par le souci constant de la chose publique, le faisant passer de l'ENA au ministère des Affaires étrangères et de l'équipe chargée de la programmation du futur Centre Beaubourg à son licenciement en 1976 et, vingt ans plus tard, à sa nomination comme président du même Centre devenu Pompidou. Radié de la fonction publique à sa demande, il n'a néanmoins jamais cessé d'oeuvrer, au gré de multiples rencontres, pour des instances publiques ou privées porteuses d'une aptitude au bien commun : Bordeaux, Centre de création industrielle, L'Architecture d'aujourd'hui, Renault, La Villette, ministère de la Culture (Délégation aux Arts plastiques, Caisse nationale des monuments historiques et des sites, direction de l'Architecture et du Patrimoine), Institut français d'architecture, Chaumont-sur-Loire, Arc en rêve, François Pinault, Rencontres d'Arles, Société du Grand Paris... Domaine Public est le récit d'une vie professionnelle menée collectivement par nombre de personnes aux compétences multiples, ignorées de l'inflation médiatique réduisant la politique culturelle à quelques noms brandis comme des marques et présentés seuls comme les inventeurs du quotidien.
" Nous sommes tous des artistes ", dit-il, et ce livre détaille les aspérités de cette mutualité, les combats et les enjouements à travers l'Histoire et ses acteurs, de François Mitterrand à Jack Lang, des grands projets et de l'exception culturelle tout autant que des " soutiers de la République " créant la trame politique et territoriale d'une France des mouvements artistiques et d'un après-68 continuant de nous interpeller ; d'un temps encore proche où les missions régaliennes de santé et d'enseignement, d'entretien de l'espace public et d'hospitalité à l'égard de tous ceux qui nous rejoignent étaient applaudies comme une part du bien commun.
François Barré garde tel un trésor le souvenir de toutes ces rencontres. Elles font entendre des voix puissantes et ouvrent des voies nouvelles. Elles furent le seuil d'une conscience et d'une action au coeur d'un engagement et leurs noms ne peuvent être dissociés de ce récit.
Nul ne peut dire " J'ai fait cela tout seul. " -
Cette monographie s'attache à rendre compte de la remarquable trajectoire décrite par l'oeuvre de Jean Degottex (1918-1988) : à un radicalisme analytique et processuel qui la rendent proche de l'avant-garde picturale qui émerge à la fin des années 1960 et s'affirme au cours de la décennie suivante.
Cette monographie s'attache à rendre compte de la remarquable trajectoire décrite par l'oeuvre de Jean Degottex (1918-1988) : au fil de près de quatre décennies, sa peinture est passée de l'abstraction lyrique, dont il fut l'une des figures majeures, à un radicalisme analytique et processuel qui la rendent proche de l'avant-garde picturale qui émerge à la fin des années 1960 et s'affirme au cours de la décennie suivante.
En 1955, la peinture de Degottex devint l'objet d'un enjeu aux yeux d'André Breton qui entrevit en elle une possible issue abstraite de l'automatisme en peinture. Cette tentative d'affiliation de l'abstraction lyrique au surréalisme s'effectua en engageant l'oeuvre de Degottex dans une relation avec l'Extrême-Orient et le bouddhisme zen qui lui aura paradoxalement permis de dépasser la conception expressive de l'abstraction lyrique au profit d'une peinture du signe et de l'écriture. Ainsi émancipée, dès le milieu des années 1960, de l'esthétique qui l'a vu naître, la peinture de Degottex va s'animer d'un tropisme d'abord centrifuge, aux accents spatialistes, puis centripète, autoréflexif ? elle s'adonne alors à l'expérimentation sensible de ses constituant élémentaires.
De ce mouvement qui conduit de quelques-unes des plus hautes réalisations de la lyrique informelle jusqu'au matérialisme pictural des séries qui scandent les quinze dernières années de la production, de la transformation d'une peinture qui exprime en une peinture qui s'exprime, l'ouvrage de Michel Gauthier détaille les étapes, raconte les péripéties et tente de dégager la logique profonde.
Michel Gauthier, né en 1958, est l'un des plus grands spécialistes de l'art contemporain en France. Critique d'art, conservateur au service des collections du Musée national d'art moderne, directeur de la collection L'espace littéraire aux Presses du réel et conseiller éditorial pour la revue 20/27, il collabore régulièrement aux Cahiers du Musée national d'art moderne. Il y a notamment publié une série d'études et d'essais sur des artistes aussi divers que Brancusi, Morris Louis, Richard Serra, Didier Vermeiren ou Andreas Gursky. Il a également fait paraître des articles consacrés à la littérature, à propos d'auteurs comme Henry James, Francis Ponge ou Maurice Blanchot. Conservateur au Centre Pompidou, critique d'art, inspecteur de la création artistique au Ministère de la Culture. -
On reconnaît immédiatement une photographie d'Helmut Newton. Comme s'il avait inventé un monde, le sien, à nul autre pareil, et une écriture photographique singulière, totalement maîtrisée, apollinienne, presque froide.Mais on sait moins le versant obscur, dionysiaque de l'oeuvre . Premier essai consacré à loeuvre du photographe Helmut Newton On reconnaît immédiatement une photographie d'Helmut Newton. Comme s'il avait inventé un monde, le sien, à nul autre pareil, et une écriture photographique singulière, totalement maîtrisée, apollinienne, presque froide.
Et, de Newton, l'imaginaire collectif a retenu une iconographie triomphante, solaire, faite de femmes en gloire, athlétiques, puissantes et désirantes, d'un érotisme glacé, de piscines californiennes à la David Hockney, de palaces fastueux, de fourrures et de bijoux. Bref, le monde des riches.
Mais on sait moins le versant obscur, dionysiaque de l'oeuvre : la satire des riches et des puissants, l'élaboration d'un érotisme des ténèbres, où se jouent rituels SM, minerves, prothèses, enserrements du corps, et qui ouvre l'apollinisme apparent des images à la blessure dionysiaque. Jusqu'à la mise en scène des doubles à l'inquiétante étrangeté freudienne, des écorchés , des vrais-faux cadavres, des meurtres. Jusqu'à la cruelle lucidité, enfin, de son regard sur le vieillissement des corps - y compris le sien, qui fut confronté à la maladie.
Surtout, et d'autant plus qu'il en a très peu parlé et s'est toujours refusé à en faire son fonds de commerce, on ignore que le jeune Helmut est d'abord un Juif berlinois rescapé de l'extermination nazie, dont la vie a sans cesse rejoué la figure mythique du Juif errant et qui trouva dans Paris, sa ville d'élection, le lieu où s'enraciner enfin, après Singapour, l'Australie, Londres et Los Angeles.
Et c'est précisément à l'aune de cette judéité, jamais revendiquée comme telle mais douloureuse, que l'auteur a voulu réexaminer le corpus newtonien : en témoignent ces corps de femmes puissantes qui s'avèrent la réplique du corps aryen glorifié par le nazisme, le fétichisme des uniformes, du cuir et des casques, la présence obsédante des chiens, ou encore les portraits de Léni Riefensthal, l'égérie du Troisième Reich.
Mais, de ce désastre germanique , Newton n'aura jamais fait la plainte amère ou rageuse : il a choisi, tout au contraire, de le magnifier. Premier essai consacré à loeuvre du photographe Helmut Newton -
L'expérience du regard au siècle des Lumières
Daniel Arasse
- Le Regard
- 30 Novembre 2017
- 9782841053537
Parmi les nombreux sujets auxquels s'est intéressé Daniel Arasse, il en est un auquel il convient d'accorder une attention particulière, car c'est sans conteste le plus méconnu.
Il concerne le siècle des lumières à travers des écrits qui à ce jour ne sont plus disponibles ou extrêmement difficiles d'accès. Ces textes sont les suivants :
« Diderot et Greuze ».
« Les Salons de Diderot : le philosophe critique d'art ».
« L'image et son discours, deux descriptions de Diderot ».
« L'homme des lumières ».
« Le roi ».
« Le théâtre de la guillotine ».
« Les transis », Andrès Serrano.
Textes réunis par Catherine Bédard-Arasse. Réunis et présentés par Danièle Cohn.
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Les décennies sont rarement exactes au rendez-vous de l'histoire et cachent souvent leur âge.
Les années 30 s'inaugurent quant à elles avec ponctualité le vendredi 24 octobre 1929 alors que ferme la bourse de wall street et s'évanouissent le 3 septembre 1939 lors de la déclaration de guerre à l'allemagne par la france et le royaume-uni. pendant dix ans, l'économie naufrage tandis que le système financier explose en une suite de krachs inédits et contagieux. les démocraties vivent sous la menace hypnotique du totalitarisme toujours plus arrogant.
Les diplomates renoncent aux lénifiantes conférences lacustres en improvisant des contre-feux fragiles. les etats-unis sont ailleurs. l'asie nous semble de plus en plus lointaine. la russie rentre dans le jeu. l'italie se laisse séduire à coups d'abandons. seul hitler sait ce qu'il veut. l'aventure est partout, le drame s'insinue. la littérature témoigne de toutes ces turbulences. les surréalistes s'époumonent en dérisoires excommunications et la nrf s'auto édifie un mausolée en imposant un certain style sans pour autant faire école.
L'engagement divise les intellectuels tant sur les enjeux que sur les objectifs. l'art en découd avec la réalité. la figuration creuse son sillon, les avant-gardes s'éclipsent et l'abstraction s'affirme. la musique s'étonne de l'atonalité en se marginalisant encore davantage. au théâtre de boulevard, la société s'amuse de son propre spectacle, mais la création est ailleurs à paris, berlin ou moscou pour quelques années encore.
Le monde se fonde sur l'aléatoire alors que les architectes construisent pour l'éternité, et si l'époque cherche sa voix dans une incroyable cacophonie, le cinéma trouve la sienne dans des salles qui sont des temples. anne bony.
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Peindre en Normandie : Alain Tapie
Alain Tapié
- Le Regard
- Photographies
- 13 Octobre 2022
- 9782841054206
Créée en 1992 à l'initiative du Conseil Régional de Basse-Normandie et de partenaires privés et du conservateur du musée des Beaux-Arts de Caen, la collection Peindre en Normandie se trouve aujourd'hui riche de plus de cent quatre-vingt tableaux de façon unique artistes célèbres et peintres méconnus Créée en 1992 à l'initiative du Conseil Régional de Basse-Normandie et de partenaires privés et du conservateur du musée des Beaux-Arts de Caen, la collection Peindre en Normandie se trouve aujourd'hui riche de plus de cent quatre-vingt tableaux et réunit de façon unique artistes célèbres et peintres méconnus autour de la représentation de la Normandie à la fin du XIXe et au début du XXe siècle.
Honfleur, Le Havre et plus tard Rouen, ces noms symbolisent des moments d'intense création et d'échanges autour de grandes innovations qui nourrissent la peinture de paysage dans cette région marquée par l'influence de l'aquarelle anglaise, lieu d'un dialogue expressif entre physique de la nature et physique de la peinture.
De Monet à Jongkind, de Lebourg à Delattre, de Marquet à Dufy, ce sont autant de rencontres qui pendant plus d'un siècle ont conféré à la Normandie l'image emblématique d'une peinture dépouillée de toute velléité littéraire.
Le tire de la collection dit assez bien qu'elle représente un chemin de traverse dans ce phénoménal territoire qu'est la Normandie des rivages et des campagnes, à la fin du XIXe siècle. Inscrits dans la continuité du naturalisme romantique et de la fonction méditative du paysage, les tableaux recueillis s'attachent à faire valoir la part méconnue, réservée, parfois secrète, des influences du pays sur la peinture, moins spectaculaire et mondaine que celle des sites achalandés. De Corot à Boudin se révèle l'impressionnisme gris et de Signac à Louvrier, le colorisme nacré.
Ce cabinet de peinture réunit exceptionnellement l'ensemble des oeuvres de la collection selon un parcours associant physique et topographie et qui, partant des rencontres de la ferme Saint-Siméon, s'attarde sur les bords de mer et la notion de villégiature pour se poursuivre le long de la Seine et se conclure sur le pays intérieur, dans la pleine terre normande. -
Artiste plasticien suisse - 1902-1985 - créateur de mobilier et d'objets, Diego Giacometti, collabore durant de longues années avec son frère le sculpteur Alberto Giacometti. En 1929, au Salon des Indépendants, il rencontre avec son Alberto, Jean-Michel Frank qui les invite à concevoir des objets pour sa boutique, luminaires, vases et petit mobilier qu'ils réalisent ensembles. Il en sera de même pour Elsa Schiaparelli.
A partir des années 60, l'essentiel de ses créations est réalisé pour des clients privés, Hubert de Givenchy, Aimée Maeght, Pierre Matisse... Au début des années 80, lors de l'installation du musée Picasso à Paris, à l'Hôtel Salé, Il reçoit une commande de l'Etat pour la conception d'un ensemble de meubles et de luminaires, réalisés dans ses matériaux de prédilection, le bronze et le plâtre. Il est assisté par Philippe Anthonioz.
D'une exceptionnelle poésie, l'univers de même que le style de Diego Giacometti est aisément reconnaissable : le bronze est souvent à patine verte, le plâtre laissé à l'état naturel, les lignes sont fortes et nerveuses, travaillées en motifs végétaux, avec des décors à figures d'animaux.
Sans prétendre à l'exhaustif, ce livre, présente néanmoins une part très importante de l'oeuvre de Diego Giacometti. Célébré comme étant l'un des meilleurs spécialistes de l'artiste, Daniel Marchesseau, en fait l'exégèse et s'attarde sur le travail de l'un des créateurs de meubles les plus singuliers du XXeme siècle, internationalement reconnue.
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Lison de Caunes : la paille en héritage
Lison de Caunes
- Le Regard
- Arts Deco
- 7 Septembre 2023
- 9782841054237
Avec patience, constance, avec surtout cette énergie qui la caractérise, Lison de Caunes a sorti la marqueterie de paille de l'oubli. Elle a su la faire connaître, la faire revivre certes, mais aussi l'inscrire dans une esthétique très contemporaine.
Avec patience, constance, avec surtout cette énergie qui la caractérise, Lison de Caunes a sorti la marqueterie de paille de l'oubli. Elle a su la faire connaître, la faire revivre certes, mais aussi l'inscrire dans une esthétique très contemporaine. Cette technique connut son apogée durant la période Art déco grâce à des créateurs tels que Jean-Michel Frank et André Groult. Ce dernier, son grand-père, lui fit découvrir, tout enfant, quelles merveilles pouvaient surgir lorsque l'imaginaire et la dextérité s'allient à la plus humble des matières.
Lison de Caunes se raconte dans ces pages avec sincérité et simplicité, revient sur les quelques décennies qui l'ont amenée à la reconnaissance dont elle jouit aujourd'hui. Son amour des métiers d'art, son désir de transmettre son savoir-faire, ses collaborations avec les grands architectes d'intérieur de notre temps, sa famille dont les membres ne sont autres que Benoîte Groult, sa mère, Paul Poiret, Jeanne Boivin pour n'en citer que quelques-uns, nous font, à travers son histoire, revenir sur les plus belles heures de cette culture qui a forgé notre modernité. -
Partitions : Emmanuel Saulnier
Frédéric Valabrègue, Daniel Dobbels
- Le Regard
- Arts Plastique
- 22 Mai 2025
- 9782841054381
Cet ouvrage à l'iconographie importante porte sur les commandes publiques et les expositions tant nationales qu'internationales réalisées par Emmanuel Saulnier ces douze dernières années mais aussi sur l'ensemble despublications qu'il a édité ou dirigé. Toutes témoignent d'un engagement existentiel révélateur et d'une posture réflexive révélatrice en France aujourd'hui.
Partitions est le troisième tome que les Editions du Regard consacrent à la recherche et au travail de l'artiste Emmanuel Saulnier depuis quarante ans. "Principe" "Transparent" Jean-Pierre Greff et Luc Lang, " Conditionsd'existence " d'Amaury Da Cunha et Doris Von Drathen et cette année Partitions dont l'écrivain Frédéric Valabrègue et le chorégraphe et critique d'art Daniel Dobbels sont les auteurs.
Cet ouvrage à l'iconographie importante porte sur les commandes publiques et les expositions tant nationales qu'internationales réalisées par Emmanuel Saulnier ces douze dernières années mais aussi sur l'ensemble despublications qu'il a édité ou dirigé. Toutes témoignent d'un engagement existentiel révélateur et d'une posture réflexive révélatrice en France aujourd'hui. -
Madeleine Castaing, antiquaire et décoratrice de renommée internationale, fut le mécène de nombreux peintres de l'École de Paris et d'artistes de l'académie de la Grande Chaumière, ainsi que l'amie de nombreuses personnalités, elle a révolutionné le monde de la décoration.
L Madeleine Castaing (1894-1992), antiquaire et décoratrice de renommée internationale, fut le mécène de nombreux peintres de l'École de Paris et d'artistes de l'académie de la Grande Chaumière, ainsi que l'amie de nombreuses personnalités, parmi lesquels Modigliani, Soutine - qui réalisa son portrait en 1928, Erik Satie, Maurice Sachs, Blaise Cendrars, André Derain, Cocteau (dont elle aménagea la maison à Milly-la-Forêt), Chagall, Iché, Picasso, Henry Miller, Louise de Vilmorin et Francine Weisweiller (dont elle décora la villa Santo-Sospir à Saint-Jean-Cap-Ferrat). Personnalité originale, voire fantasque, elle a révolutionné le monde de la décoration.
Le " style Castaing " fait aujourd'hui figure de référence. Madeleine Castaing s'inspire de l'esthétique néoclassique non sans l'interpréter à sa manière. Contemporaine de l'Italien Mario Praz qui s'éloigne des canons habituels de la décoration intérieure et se tourne vers le début du XIXe siècle, rivale d'Emilio Terry qui invente le " style Louis XVII ", elle s'inscrit dans un même mouvement de renouveau par rapport à l'omniprésence de Louis XV ou de Louis XVI, tout en se distinguant par son mélange des genres. Il s'agissait, en premier lieu, de s'écarter des conventions pour " faire de la poésie avec du mobilier ", selon sa devise. " Je fais des maisons comme d'autres des poèmes ", disait-elle, et son disciple Jacques Grange évoque à son propos " des émotions que l'on ne connaissait pas jusqu'alors dans le monde de la décoration ", émotions qui influencent les architectes d'intérieur encore aujourd'hui. -
Les atrocités du nazisme et le trouble provoqué par la collaboration ont longtemps occulté, dans la mémoire collective, la créativité des années 40.
Le but de cet ouvrage est, grâce à la somme de documents rares et originaux que les auteurs ont pu retrouver et à la juxtaposition des différents domaines de la création, de développer l'esprit et « l'atmosphère » de cette période, en France et dans le monde.
L'évocation de cette décennie se doit de toute évidence de débuter par l'Exposition Universelle des Arts et Techniques de 1937 à Paris, qui présente toutes les tendances créatives qui auraient dû être développées au cours des années suivantes. Les nécessités de la guerre vont bouleverser ou figer ces tendances : l'image sera propagande, l'architecture blockhaus, et l'automobile char. Mais grâce à de lourds investissements technologiques, une nouvelle forme de créativité, directement issue de l'industrie, prit alors toute son ampleur.
Pour l'Europe, l'heure est à la nostalgie. Dans le désarroi, les créateurs se réfèrent aux valeurs d'antan, aux styles passés pour le mobilier, à la mythologie pour le cinéma, références échappant à la censure.
Malgré les restrictions, les productions sont de grande qualité. Seuls seront épargnés ceux qui puisent en eux-mêmes leurs forces créatrices, traducteurs privilégiés de l'esprit, peintres et écrivains par exemple. Ceux-là s'expriment avec une puissance inégalée. Le contexte de la guerre a également développé une réalité nouvelle, la mutation, et en particulier celle d'artistes qui fuient le nazisme. Le choc des sensibilités, l'épanouissement de ces déracinés dans les terres d'accueil, a relancé et développé la création. Les pôles attractifs changent, et la perception de ces changements ne se fera réellement sentir que dans les Années 30. Mais ces données ne suffisent pas à évoquer précisément la décennie : tumultueuse, imprécise, elle ne saurait constituer un moment monolithique de l'histoire.
Aussi tous les auteurs, qui ont apporté leur extrême compétence, ont tenté de préciser le style 40, qui après les Années 50 et les Années 60, constitue une nouvelle tranche de ce siècle non moins complexe et en tout point différente.